Dans les années 70, ça devait être la préhistoire de la psycho. Le DSM 2, paru en 1968, trouve 145 pathologies différentes, alors que maintenant, on doit être à 410, voire plus, faut attendre le DSM5, à paraître en 2013 (merci les labos). Par exemple, maintenant, vous pouvez choisir parmi six types de dépressions, c'est un peu comme chez Ikea avec les colories.
Pour ceux qui demandent et qui vont le regrettrer, le DSM c'est le Manuel de diagnostiques et statistiques des troubles mentaux en English Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders. Valà.
Donc, hormis le fait qu'on était mal habillé, avec des pantalons en velours grosses cottes, pattes def, jaunes pisse, chemise à carreau, verte flashy, col rigide, moule à tarte, genre. Les Psy faisaient des diagnostiques avec des dès en mousse (je crois beaucoup à la théorie du dès en mousse dans toutes les administrations).
Donc aucun gamins n'était dyslexique sous De Gaulle ou Pompidou et il n'existait pas de surdoué et aucun d'enfant précoce, même en 1981, lorsque la gauche arrive au pouvoir.
La pédagogie était assez simple, il suffisait de s’exprimer très fort en articulant chaque mot, un peu lorsque vous parlez à un débile. J'irais pas jusqu'à croire que les professeurs de l'Education Nationale nous prenais pour des débiles, non.
Par contre, fallait que j’ai rien sur ma table et que je la pousse contre le mur, bien à l’écart de mes camarades. En maternelle.
Les médecins et psy conseillent de ne pas imposer de contraintes à un "enfant très intelligent, ayant des intérêts supérieurs à son âge, mais en contradiction avec un niveau de socialisation" ... "il a beaucoup de mal à supporter les contraintes et s'oppose de manière très directe aux exigences d'autrui" (le 2 avril 1976, j'ai 7ans et six mois).
Qu'ils se rassurent tous ces gentils pédagogues, je n'ai pas changé d'un iota.
Donc, à l'école, l'autre méthode super efficace s'était de nous virer, j'ai donc fait un peu tous les établissements du coin, six en tout.
Je ne raconte pas ma vie.
J'édifie un schéma d'une vie type d'un enfant précoce, dyslexique.
Le mot technique employé à l'époque c'était cancre.
Débile, ça marche aussi.
A l'âge adulte, vous tombez par hasard sur un bouquin sur le Test de l'Arbre, un pavé de 700 pages, pour comprendre que tous les mercredi de 7 à 16 ans, vous ne faisiez pas que des jolies dessins pour vous distraire, c'était des tests. Voir dessine tes parents, le pays de la peur, de la joie, etc. Le test des Dominos.
Ca se passait au centre psychopédagogique de l’académie de Grenoble.
Je dis jamais mon QI, ça fait taille de bite. Pisser plus loin.
J'ai qu'un cerveau, je peux pas penser avec le votre, je suis pas plus ou moins intelligent que vous.
Selon Gardner, il existe neuf ou peut être douze types d'intelligence, dont la logico-mathématique serait juste l'une d'elle. Là, c’est pas Ikéa, ça fait plus réfléchir. L’intelligence musicale, l’habilitation à se poser des questions abstraites, etc.
Quand vous êtes grands, vous apprenez que vous n’êtes pas nul en math, mais dyscalculique. Je vous épargne la liste avec dysorthographique jusqu’à dyscolorique (mélanger les couleurs, je sais c’est con, notamment lorsqu’on cherche sa bagnole sur un parking avec un caddie dont une roue ne marche pas, ce jour là, il pleut.).
Parce que selon la MDA (ancienne COTOREP), à partir de 18 ans, la dyslexie n’est plus un handicap. Paf. C’est étrange. En fait, ils considèrent que vous avez fait un CAP de merde, un boulot manuel ou avec de la chance, vous avez développé des techniques de compensation et donc vous la fermer. C’est un peu comme un aveugle avec un chien et une canne, bien, il peut regarder la télé, aller au ciné, prendre à un abonnement à la biblio… J’adore la logique du truc, mais c'est pour de vrai, on vous le dit pas aussi franchement, mais vous le pigé, c'est clair, sans clin-d'oeil, rien.
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Quand vous êtes vieux, vous pigez enfin, que vous serez jamais compris. Je ne parle pas dans le sens commun, de personne n’est jamais compris, les petits flocons de neige unique, vas-y que je chouine. Modèle Caliméro.
Plus dans le sens, que personne ne perçoit l’idée de par exemple l’univers est infini, mais il continu à s’étendre. Je me dis, mais vers où, puisqu’il est infini ? Et courbe.
Ben, pareil. Les surdoués, on a un truc qui a maintenant un nom (progrès de la science), le « déficit de l’inhibition latente » (ouais, comme Michael Scotfield dans la série Prison Break). En gros, on voit tout, tout le temps, en permanence et on ne trouve pas le bouton off/on. Dans un bar, on entend toutes les conversations. On revient six mois après chez un pote, on sait quel bouquin à bouger dans sa bibliothèque.
Ca à l’air cool.
Mais on perd quand même nos clefs et on retrouve jamais cette putain de télécommande.
Après, c’est pareil, c’est des listes chiantes d’incapacités, genre pas être dans le tempo, aller trop vite dans les conversations, trouver les gens lents ou l’inverse bloquer sur un détail et pas suivre. Savoir qu’une fille est enceinte bien avant qu’elle se décide à pisser sur un truc en feutrine qui va changer de couleur. Plein de choses, qui font que deux tiers des enfants précoces ratent leur études.
Quasi aucun chercheurs n’est un surdoué.
Le réflexe, c’est d’aller à la marge. Car Godard dit que la marge, c’est ce qui tient le cahier. Mais en fait, les marginaux sont souvent des petits bourgeois qui refusent de faire médecine ou de reprendre l’affaire familiale. Je schématise, on va me trouver quelques prolos dans le coin, c’est un peu comme le mythe des flics sympas. Ca doit exister. Je crois bien aux Totoros dans la forêt.
Donc, les marginaux sont souvent que des gens normaux, super normatifs, avec un joli déguisement (noir souvent). Squatteur, punk à chien, biker, hippie, machin, truc, ils finissent toujours par te gronder comme la maitresse, parce que tu as pas fait comme il faut. Dire putain, devant une féministe radicale, alors que tu viens de te cogner le petit doigt de pied. Boire trop de bières. Manger des animals. Venir avec ton chien dans un concert. Peu importe.
Je sais pas pourquoi, j’aime pas qu’on me gronde. Personne.
Je regrette, j’aurais dû parler aux premiers de la classe. Mais ils m’aimaient pas trop à l’époque, parce que je les brimaient beaucoup et que je retardaient la classe avec toutes mes questions de logiques pures (franchement, les vecteurs en cinquième, c’est des flèches qui s’additionnent pas s’ils sont pas dans le même sens et ce truc d’identités remarquables, ça sert à quoi, vu que j’ai toujours pas fait décoller de fusée ? On évitera de parler de ces connards de verbes du troisième groupe…).
J’aurais du être Geek, mais il n’y avait pas d’ordinateur, juste des minitels (pour les plus jeunes allez sur Wikipédia pour savoir ce qu’est un minitel).
J’avais pas d’amis pour jouer aux jeux de rôles.
Donc, voilà, maintenant, je parle aux clodos du quartier (on a un centre dans ma rue, ils planquent du vin dans tous les buissons, qui cuit au soleil, et qu’ils boivent quand même). Je parle aux alcolos dans les bars, car, je peux ne pas trop suivre la conversation.
Je me dis, si je reviens dans le monde, celui des gens. Déguisé ou pas. Enfin, on est tous déguisé.
Je crois, que j’aimerais bien être Diogène.
Mais je vais pas expliquer ce qu’est être Diogène, parce c’est chiant. Un exemple, j’ai essayé de convaincre mon pote schizophrène, d’aller dans une réunion très formelle sur les alternatives à la psychiatrie, pour voir ce qu’ils pouvaient faire de nous. Mais comme on prend plein de cachets, le soir, on est pas trop valide. Partie remise.
Je crois que je vais me faire plein d’amis, ça va super. Le plus dur, va être de me faire admettre comme fille dans les réunions non-mixte des féministes radicales.
Des questions, levez la main ? Ou mettez un commentaire, vous serez les premiers.
M.
ps : Le test de l'Arbre, c'est parmi les trucs les plus risible que la psycho est produit dans son côté déterminant, modèle cartomancie, esotérisme, juste moins salissant qu'éventrer des poulets, mais qu'est-ce que c'est con !
Bien sûr les tenants de la grande Eglise, vous sortiront le même argmument que les religieux, tu sors les choses de leurs contexte, tu n'as pas compris l'ensemble, tu n'as une approche machin...
Se réfugier derrière la complexité est déjà un aveux de fausseté.